le Timbre d'argent
Opéra fantastique en quatre actes et huit tableaux, livret de Jules BARBIER et Michel CARRÉ, musique de Camille SAINT-SAËNS (composée en 1865).
Création au Théâtre National Lyrique, à Paris, le 23 février 1877.
Première à la Monnaie de Bruxelles le 10 février 1879.
Première au Théâtre de Monte-Carlo le 26 février 1907.
personnages |
Théâtre National Lyrique (création) |
Monnaie de Bruxelles (première) |
Circé (danseuse) | Mmes THÉODORE | Mmes VIALE |
Hélène | Caroline SALLA | VAILLANT |
Rosa | Marie SABLAIROLLES | LONATI |
Colombine | MOREL | |
Ninetta | BAUDU | |
Spiridion | MM. Pierre-Léon MELCHISSÉDEC | MM. Gabriel-Valentin SOULACROIX |
Conrad | Léon BLUM | RODIER |
Bénédict | Victor CAISSO | LEFÈVRE |
Pierrot | WATSON | |
Frantz | ||
Patrick | AUJAC | |
1er Mendiant | ||
Rodolphe | DEMASY | |
2e Mendiant | ||
Rosenthal | BONNEFOY | |
Walter | BUICK | |
un Maître de ballet | LAFONT | |
un Négrillon, une Habilleuse (personnages muets) | ||
Etudiants, Jeunes Seigneurs, Mendiants, Bourgeois et Gens du Peuple, Paysans, Valets, Masques, Nymphes, etc. | ||
Chef d'orchestre | Jules DANBÉ |
La scène se passe à Vienne, en Autriche, costumes du XVIIIe siècle.
Le sujet de la pièce est, à proprement parler, un cauchemar en quatre actes et qui dure cinq heures. Le public a trouvé que c'était un peu long, et l'opéra n'a eu qu'un très petit nombre de représentations. Conrad, jeune peintre viennois, a conçu une passion insensée pour une belle danseuse et aussi pour la richesse qui lui permettra de séduire son idole. Il n'est sensible ni à l'affection d'Hélène, sa fiancée, ni à l'amitié de Bénédict. Son imagination s'échauffe et l'hallucination commence pour ne finir qu'avec la pièce. Le docteur Spiridion annonce même la durée de la crise du jeune artiste. Un démon, sous la figure de ce même docteur Spiridion, évoque la belle danseuse Circé-Fiammetta, propose à Conrad un timbre d'argent magique. Il n'aura qu'à le frapper pour obtenir tout l'or qu'il désirera ; mais il l'avertit qu'à chaque coup frappé sur le timbre une vie humaine sera brisée. Telle est la donnée. Conrad accepte ; au premier coup, un vieillard de ses amis tombe mort à sa porte ; mais la vue de l'or triomphe de ses remords. Au sein d'une vie de plaisirs et de fêtes somptueuses, Conrad voit toujours Fiammetta, son idole, échapper à sa poursuite. S’il lui offre un collier de grand prix, un rival mystérieux offre à celle-ci un diadème et un palais à Florence ; Conrad veut renchérir et joue tout l'or qu'il possède et le perd. Ces rêves sont traversés par des scènes qui se passent entre Hélène et sa sœur Rosa, laquelle va épouser Bénédict. Elles forment un contraste par leur caractère doux et tendre ; l'intention était bonne et l'idée poétique, et le musicien aurait pu en tirer parti. Au moment où Circé va encore fuir Conrad hésitant à la suivre, il frappe sur le timbre ; Bénédict s'écrie : « Je meurs » ; Hélène et Rosa jettent un cri de douleur. A partir de cet instant, une lutte intérieure s'accentue de plus en plus chez Conrad ; il se débat entre les conseils d'Hélène et de Spiridion jusqu'à ce qu'enfin il brise le timbre et se réveille. Cette vision lui a rendu la raison. Le chœur chante Noël ! et un cantique :
Hommes, chantez sur la terre, Anges, chantez dans le ciel !
L'œuvre du musicien a été très laborieuse, et on ne peut que constater les efforts persévérants qu'il déploie pour occuper une place parmi les compositeurs contemporains. Mais la science musicale, la recherche obstinée d'effets symphoniques nouveaux, des combinaisons orchestrales, l'abus des dissonances dominent presque exclusivement dans son ouvrage, et lorsque quelque mélodie appréciable s'y rencontre, on est étonné de son peu de distinction. J'ai remarqué dans le premier acte la mélodie de Bénédict : Demande à l'oiseau qui s'éveille ; dans le troisième, le duo d'Hélène et de Rosa : Chère sœur, quel nuage ; la chanson du Papillon et la fleur et, dans le dernier acte, la Valse des filles d'enfer. Les principaux interprètes de cet ouvrage ont été MM. Melchissédec, Blum, Caisso ; Mme Salla, Sablairolles et la ballerine Mme Théodore.
(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément, 1880) |
"De Naples à Florence" Chanson napolitaine de l'Acte II Gabriel-Valentin Soulacroix (Spiridion) et Piano Pathé saphir 90 tours n° 3722, enr. en 1903
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