Madame Rose
Opéra-comique en un acte, livret d'Albert BARRÉ et Paul BILHAUD, musique d'Antoine BANÈS.
Création à l'Opéra-Comique (salle du Châtelet) le 25 septembre 1893.
personnages | créateurs |
Rose | Mmes MOLÉ-TRUFFIER |
Rosette | Jeanne LECLERC |
Jean | MM. Eugène BADIALI |
Mathurin | Paul BARNOLT |
un Paysan | ELOI |
Chef d'orchestre | Jules DANBÉ |
Catalogue des morceaux
Ouverture | |||
01 | Duo | N'as-tu pas ce qu'il faut en somme | Rose, Rosette |
02 | Couplets | Rose à partir de ce moment | Mathurin |
03 | Couplets | Supposez un peu | Jean |
04 | Trio | Ah ! Rosette ! | Rose, Rosette, Jean |
05 | Couplets | La femme est un démon étrange | Jean |
06 | Romance | De ton indifférence | Rosette |
07 | Air | Ah ! je bous | Rose |
08 | Duo | Oui, je vous aime | Rose, Jean |
09 | Quatuor final | Un baiser ! ai-je bien entendu | Rose, Rosette, Jean, Mathurin |
Deux petits ouvrages en un acte : le Dîner de Pierrot et Madame Rose, ont suivi de près la réouverture de l'Opéra-Comique. C'est une modification heureuse aux habitudes anciennes. Jusqu'ici, ces piécettes nous étaient données à la veille de la clôture ; leur fragilité naturelle rendait cette situation particulièrement dangereuse ; aujourd'hui on entend leur laisser l'espoir de durer au moins toute la saison. Mais combien rares, même dans ce cas, celles qui doivent triompher du temps et de l'indifférence, parfois aussi du dédain du public et de la presse ! Il n'en est pas trois jusqu'ici, depuis les éternelles Noces de Jeannette, qui aient pris racine dans le répertoire ; les autres se sont étiolées ou ont végété tristement.
Il n'en faut pas moins persister à en augmenter chaque année le nombre, pour les raisons que j'ai dites maintes fois et que seuls peut-être leurs auteurs goûteront parfaitement. [...]
Madame Rose est conçue et exécutée suivant la formule classique de l'ancien Opéra-Comique. C'est un agréable ouvrage sans prétention, pour lequel se sont associés MM. Bilhaud et Barré. La musique est de M. Banès, qui vit à la bibliothèque de l'Opéra, au milieu des chefs-d’œuvre de l'art musical français, et a de qui tenir, quand il s'avise d'ajouter quelques pages personnelles à son œuvre quotidienne, toute d'érudition.
L'interprétation de cet acte est confiée à MM. Badiali et Barnolt et à Mlle Leclerc, trois artistes de valeur.
(Louis Gallet, la Nouvelle Revue, 15 octobre 1893)
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Comment le fermier Mathurin est jaloux de sa femme, « Madame Rose », dont son garçon Jean est amoureux ; comment pourtant il confie audit Jean la garde et la surveillance de celle-ci pendant son absence ; comment Madame Rose, d'ailleurs très honnête, veut se venger de la jalousie et du procédé de son mari en se faisant faire la cour par ce gardien qui est épris d'elle ; comment la petite Rosette, qui de son côté en tient pour Jean, est furieuse et désolée de cette petite comédie qu'elle prend au sérieux ; comment tout finit par s'arranger naturellement par le mariage des deux jeunes gens et le raccommodement des époux, c'est ce qu'il serait difficile d'expliquer, tellement cette action, un peu trop burlesque et qui ne brille pas par une nouveauté absolue, est émaillée d'une foule d'incidents qui l'allongent plus que de raison et la rendent parfois un peu obscure.
De la partition, trop touffue, on peut cependant citer quelques morceaux, particulièrement le duo des deux femmes, qui ne manque ni de grâce ni de coquetterie, la romance de Rosette et l'air mouvementé de madame Rose. Mais, grands dieux ! pourquoi cet abus de toutes les forces instrumentales à propos d'une simple paysannerie, pourquoi cet entassement de Pélion sur Ossa, cette furie d'orchestre, ces cors qui clament, ces trombones qui grondent, ces timbales qui tonnent, cette batterie qui claque à propos de tout et à propos de rien ? Quand M. Banès, qui ne manque point de talent, aura appris à modérer, à adoucir son orchestre, il obtiendra un résultat plus facilement appréciable, et réussira plus complètement avec moins de peine et de travail.
(Félix Clément, Dictionnaire des opéras, supplément d’Arthur Pougin, 1903)
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